Le vaillant ver de terre

Charles Darwin s'était déjà exprimé sur ce "mineur de fond": "Il est permis de douter qu'il y ait beaucoup d'autres animaux qui aient joué dans l'histoire de la création un rôle aussi important que le ver de terre". Au Moyen Âge, il était élevé et reproduit dans les monastères. En remontant encore plus loin dans l'Histoire, nous apprenons que Cléopâtre avait érigé le ver de terre en animal sacré et qu'il était interdit de le "déranger".

Le ver de terre est en effet très sensible aux vibrations et disparaît rapidement dans des galeries plus profondes lorsqu'il sent approcher la charrue ou la bêche. Il forme une communauté harmonieuse avec un grand nombre d'autres petits êtres vivants et préfères les restent végétaux biologiques à ceux issus de traitements chimiques. La richesse en vers de terre permet d'augurer de la fertilité future d'une terre.

Cette créature qui mange sans relâche est incapable de mordre et ne peut qu'avaler.. À leur menu, on trouve avant tout les déchets de la nature: restes de végétaux morts, feuilles, débris de récoltes. Comme ils n'ont pas de dents, il leur faut des "goûteurs": champignons et bactéries. Ce n'est que lorsque ces derniers ont déjà prédigéré le matériel organique que les lombrics peuvent ingérer les restes végétaux et les micro-organismes dans leur système digestif. Pour accélérer le processus, certains lombrics se sont mués en véritables maîtres composteurs: ils ramènent feuilles mortes et débris de récoltes de la surface jusque dans leurs galeries, y collent ce matériel aux parois et le recouvrent d'excréments, créant ainsi un véritable paradis pour les micro-organismes.

Les lombrics entraînent aussi de la terre avec les restes de végétaux déchiquetés. Dans leur estomac musculeux, les parties végétales sont réduites  en poudre entre des particules minérales. Dans l'intestin, des micro-organismes et des enzymes aident à digérer la nourriture. Mais une grande partie de la nourriture ingérées est rejetée non digérée. Ces excréments ne constituent ce pendant pas des déchets sans valeur: la terre rejetée contient même une forte concentration en substances nutritives, sous une forme facilement assimilable pour les plantes, ce qui fait des petits monticules des lombrics un excellent engrais végétal.

Par leur activité de fouissage, d'absorption et d'excrétion, les vers de terre amènent de à la terre depuis les couches profondes du sol jusqu'à la surface, ce qui renouvelle constamment le sol. Leur système de tuyaux améliore l0aération et l'absorption de l'eau du sol et favorise lac croissance des racines. 

Elle broie des morceaux de plantes en décomposition, des champignons, des algues, des mircro-organismes et des minéraux argileux. Le ver de terre creuse, fouille, malaxe et produit par an et par mètre carré 20 kg d'un merveilleux engrais des plus fertiles. Ses sécrétions sont l'une des meilleures formes d'humus qui soient. L'humus, plutôt acide en soi, s'acheminera ainsi de façon naturelle vers un pH plus neutre. Il en résulte un sol très riche, qui contiendra pus de nutriments à la disposition des plantes qu'il n'y en avait avant.

Chapeau bas devant de telles performances

Un ver de terra a besoin d'assimiler en 24 heures l'équivalent de sons poids en nourriture. C'est un haltérophile qui traîne sur son parcours de 50 à 60 fois son poids. Ramené à l'échelle humaine, cela ne représenterait pas moins de 5 tonnes. Dans un sol où ils sont abondants, les vers de terre produisent par an et par mètre carré jusqu'à 4,5 kg d'excréments et auront digéré en l'espace de 10 ans l'ensemble de la couche d'humus (sur une épaisseur de 15cm). Lorsqu'ils meurent, ils libèrent une grande quantité de combinaisons azotées (de 90 à 100 kg par an et par hectare). Dans une terre vivante, on trouvera au moins 150 grammes de vers de terre sur une épaisseur de 20 cm, et quelques 600 galeries par m2. 

Les vers de terre sécrètent une viscosité qui tapisse les galeries et renforce la structure du sol. Ces galeries servent au drainage et permettent au surplus d'eau de s'infiltrer facilement. Les vers de terre utilisent les racines des plantes comme "voies rapides" pour éviter la zone de décomposition cellulaire et atteindre le pus rapidement possible la zone de décomposition macromoléculaire, plus profonde et plus hospitalière. 

Les cavités souterraines des vers de terre sont sacrées et doivent être respectées. 

Un sol sur lequel on vient de déverser du purin ou du fumier entraîne la fuite précipitée des vers de terre. Exposés à la lumière du jour, ils sont en général condamnées à dépérir. Les pesticides et les engrais azotés les déciment en très peu de temps. Les substances de ballast des engrais chimiques, tels que l0acide sulfurique et le chlore, saturent le sol qui devient dur comme du béton e ne laisse plus passer l0air. Il existe maintenant des champs où le ver de terre a entièrement disparu. 

Le ver de terre nous épargne des dépenses d'énergie et des techniques coûteuses

Une terre dans laquelle les vers de terre auront fait leur travail de drainage et d'aération n'aura plus besoin d'être ameublie avec de gros engins, car elle aura déjà atteint une structure idéale.

Le compostage de surface apporte de riches nutriments que le ver de terre entraîne sous terre durant la nuit. Les poudres de roche l'aident à broyer cette nourriture. Il déteste les sels des engrais dissous dans l'eau et les produits de décomposition comme on en trouve dans les fumiers et les purins conventionnels.

Prendre soin des vers de terre implique de respecter leur rythme de vie: le matin, ils viennent déposer leur turricule terreux à l'extérieur. à ce moment-là, ils se trouvent très près de la surface du sol. Vers le soir, ils se retirent dans les profondeurs. C'est à partir de la fin de l'après-midi que vous les dérangerez le moins si vous voulez travailler superficiellement la terre ou faire des plantations.

Extrait du livre "Les micro-organismes efficaces au quotidien" de Anne Lorch